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le point de vue du poisson

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2186...qqlques jours plus tard...

VII : Mi-juillet 2186, quelques minutes plus tard

 

Depuis quelques minutes déjà, ils progressaient silencieusement dans la jungle. Ness tenait la tête du groupe, venaient ensuite Benjamin, Morgan et enfin Bill. Bien qu’ils se trouvaient encore à proximité du camp de l’Ilot éthylique, quelques fougères encombraient déjà le chemin. Morgan Cléopâtre fût la première à rompre le silence. « Tout à l’heure vous nous avez demandé si nous avions des questions à vous poser, j’aurais voulu savoir par quels miracles vôtre monde peut subsister depuis tant d’années. Ne serait-ce que pour la nourriture.

−C’est fort simple, répondit Ness, nous vivons principalement de chasse de pêche, plus un peu de cueillette, quelques petites cultures, une dizaine de bêtes d’élevage dans chaque camp. Pour ce qui est de la boisson, de l’eau claire.

−Mais vous ne buvez pas que de l’eau, intervint Benjamin.

−Les alcools sont le fruit des distillations que fait Le Hollandais dans son arrière-salle. Quant aux drogues douces, aux médicaments et à la poudre noire, chaque campement à son chimiste, leur savoir se transmet de père en fils.

−A-propos de fils, que faîtes vous de vos enfants, vous leur donnez des coups de gourdin pour les éduquer quand vous êtes saoul, à moins que vous préfériez les dépecer.

−Malheureusement, reprit Le Chien errant, les bourlingueurs sont obligés de se séparer de leurs enfants, ils sont élevés par les taverniers, ainsi ils ont un vrai chez eux où ils peuvent grandir et apprendre la vie. De plus nous cela nous permet de considérer chaque enfant comme nôtre propre enfant, et nous même comme des frères, on ne sait jamais. Mais vous, citadins que vous êtes, si j’en crois mes informateurs, vous agissez de même : vous payez à prix d’or des sociétés spécialisées et vous leur confiez vos gosses, puis vous les oubliez jusqu’à leur majorité, ce n’est qu’à ce moment là que vous les rappelez auprès de vous pour qu’il prennent vôtre suite dans les affaires.

−Pas du tout ! s’offusqua Benjamin.

−Non, continua Ness, cela ne vaut que pour les rejetons des familles aisées. Pas d’éducation pour les enfants des classes ouvrières. Eux, c’est l’usine qui les attend dès qu’ils sont en âge de fournir un travail.

−Mais… mais… bégaya le citadin.

−Et pour les femmes ? coupa Morgan.

−Nos femmes… répéta Ness avec un sourire en coin, vous les verrez rarement dans une taverne. La plupart du temps elles restent dans la jungle. Solitaires. Elles sont plus efficaces que nous pour ce qui est de trouver de l’eau, quant à se servir d’une arme, leur précision est impressionnante. Croyez-moi, les femmes sont certainement les animaux sauvages les plus dangereux de cette foutue jungle. Mais pour nous elles sont toujours des rencontres agréables. T’es d’accord avec moi Bill ?

−Cent pour-cent d’accord ! Déclara Le Lièvre en depuis sa position en queue de peloton.

−Qu’est-ce que vous voulez dire ? interrogea Benjamin.

−Ben, les enfants qui sont confiés aux taverniers, d’où croyez vous qu’ils viennent ? lança Le Chien errant.

−Alors vous avez des enfants ? questionna Morgan.

−Comment le saurions nous, dit Ness, c’est dans l’ordre du possible.

−Il vous est donc interdit de fonder une famille ! s’exclama la jeune femme.

−Pas du tout, le jour où on en aura assez des ballades on pourra se sédentariser à l’Ilot éthylique ou ailleurs. Alors il sera temps de fonder une famille et de cultiver deux ou trois arpents de terre. Mais rares sont ceux qui n’aiment pas bourlinguer et qui font d’assez vieux os pour s’installer à un endroit fixe. En tout cas pour le moment je préfère me marier plusieurs fois par mois et avec les arbres seuls pour témoins !

−Sur un plan plus matériel, reprit Benjamin.

−Alors c’est l’heure de l’interrogatoire ! s’exclama Le Chien, quoi sur un plan plus matériel ?

−Comment faîtes vous pour faire marcher une société sans recours à l’argent ?

−Eh bien c’est très simple, expliqua Le Chien errant, nous n’avons pas de portefeuille mais chacun d’entre nous est capable de chasser deux trois trucs et de les troquer par la suite. Mais la chose principale dans nôtre système de troc, c’est le respect qu’on vous porte.

−Le respect qu’on vous porte ! s’enquit Benjamin. Quel rapport avec le commerce ?

−Çà peut vous paraître étrange, mais dans nôtre culture, si vous êtes connu comme un escroc ou un sale type, alors personne n’accordera la moindre valeur à ce que vous possédez et quoi que vous demandiez on ne vous accordera rien. En revanche si vous avez sût gagner le respect de chacun par vôtre courage, vôtre sens de l’honneur, vôtre capacité à vous placer au dessus de toutes les situations par vôtre force de caractère. Et même de vôtre vie. Alors aucun service ne vous sera jamais refusé.

−Oui, intervînt Bill, d’ailleurs l’homme à la peau de lion qui vous ouvre le chemin mettrait en jeu sa vie sur une partie de poker comme vous jetteriez un simple jeton sur le tapis. Pour nous, risquer nos vies est la seule façon de vivre. C’est la seule chose qui nous fait monter l’adrénaline. Par exemple c’est pour çà qu’on vous accompagne, juste pour s’amuser. Et puis çà va nous faire des choses à raconter quand on reviendra à une taverne, et puis peut-être on prendra quelques peaux sur le trajet de retour.

−A-propos, dit Morgan, si vous troquez les fourrures avec les taverniers, eux, qu’en font-ils ?

−Eh bien, commença Ness, les taverniers les échanges avec des contrebandiers. Ainsi le produit de nôtre chasse alimente vôtre marché de la fourrure, du cuir. N’avez-vous jamais porté une fourrure ou utilisé des accessoires en croco. C’est de chez nous que çà provient. Il y à des campements spécialisés dans le crocodile tous le long de l’Amazone. En échange les taverniers obtiennent des vêtements, des armes et de l’alcool d’une qualité supérieure à ce que nous bricolons ici. Plus des médicaments et des drogues dures. Sans oubliez des nourritures raffinées, des objets manufacturés et des livres.

−Des livres ! s’étonna Benjamin, et qu’en feraient-ils ?

−N’oubliez pas que nos barmen sont chargés de l’éducation de nos enfants. Ils doivent leur faire connaître des choses nouvelles. Plus tard ils doivent être en mesure de choisir entre rester chez nous, où aller épaissir les rangs de vos usines protoniques. Je ne vous cache pas que jamais aucun, à ma connaissance, n’a préféré cette deuxième solution. Alors ils doivent aussi avoir à leur disposition des armes, des munitions et tout un attirail neuf pour le jour de leur départ en tant que chasseur. Les taverniers sont les personnes que nous respectons le plus, ils sont nos pères et les pères de nos enfants. C’est pour cette raison que ne peuvent devenir patron de taverne que les gens respectés par l’ensemble de la communauté. Vous pigez ?

−Je voudrais aussi savoir, demanda Benjamin, est-ce que vous êtes déjà entré dans une ville ?

−Assez de questions, dit Ness d’un ton tranchant, maintenant tait-toi et fait gaffe où tu met les pieds, citadin ! Le Lièvre, tu prends la tête ?

−Ok, vieux clébard galeux ! Remise ta machette ! »

         Bill prit alors la tête du petit groupe et le quatuor continua sa progression. La végétation qui se faisait pas après pas plus touffue resserrait ses griffes autour d’eux. Voyant l’état de fatigue de leurs invités, Bill annonça qu’ils feraient une première pause quelques kilomètres plus loin.

 

Ecrit par Magnes, le Jeudi 4 Novembre 2004, 12:23 dans la rubrique " Ecrire avec des Nageoires ".


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