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le point de vue du poisson

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Vous faites des bulles!

j'ai trop bu ce soir...

--> çà donne çà...

Διογένης  καί  Κλεοπάτρα

 

(Diogène et Cléopâtre)

 

 

 

Prologue : fin juillet 2186

Ce regroupement de cabanes était un des oasis humains que l’on trouvait encore dans la jungle. Cette taverne en était le centre. Elle tenait lieu d’église, de casino et d’abreuvoir.

Il poussa la porte et entra. Il revenait visiblement d’un long voyage. C’est bien ce à quoi l’on pouvait s’attendre de la part d’un homme que l’on nommait « Ness Le Chien errant ». Les habitués délaissèrent leurs cartes et le saluèrent en levant leur verre à sa santé, il leur rendit leur salut d’un sourire un peu forcé puis se dirigea vers le comptoir. Jack, le patron, s’approcha de lui et devina à son visage fourbu et à son torse éraflé par les ronces, une soif d’alcool fort, très fort, un de ces désinfectants que les bons taverniers conservent toujours dans leur caves en mettant un rat dans chaque tonneaux, pour corser le bouquet.

« Voila pour toi, Le Chien, de l’alcool de Palomito, j’ai pas plus fort dans ma réserve. J’espère qu’après çà tu nous raconteras cette dernière ballade…Et Le Lièvre qui fume la pipe,  il est plus avec toi ?

−Le Lièvre n’en reviendra pas, Jack » répondit l’assoiffé avant de vider son verre d’une gorgée et d’en demander un autre. Il avait toujours eut tendance à boire plus que raison, surtout dans ces circonstances. Le Lièvre qui fume la pipe était son meilleur ami, un compagnon de route hors pair, on l’appelait ainsi car il parlait toujours posément et pesait chacune de ses décisions avec attention. Mais maintenant Le Lièvre reposé dans la jungle. De toute façon ceux qui ne meurent pas à la taverne meurent en dehors et dehors c’est la jungle.

 

 

I : Début juillet 2186

 

Du haut de sa tour particulière, Morgan Cléopâtre regardait l’immense ville qui s’étalait à ses pieds. Face au grondement de la citée, à ses vapeurs et à ses mouvements brusques, la hauteur de ce belvédère privé et son calme donnait l’impression d’observer le monde des hommes depuis une autre planète. Une véritable tour d’ivoire. Ici, elle pouvait réfléchir en toute sérénité, penser à son avenir.

Elle était fraîchement diplômée de l’EcoEco (école économique). Demain, le cinq juillet, elle prendrait le jet extra-atmosphérique de son père en compagnie de Benjamin. Une fois à New-Paris, son père, le secrétaire à l’économie mondiale et roi d’Europe, leur donnerait sa bénédiction. Le mariage serait retransmis sur toutes les ondes pour faire rêver les ouvriers des usines à énergie protonique. Elle n’éprouvait aucun sentiment particulier pour Benjamin, mais ils avaient été promis l’un à l’autre dès leur enfance et jamais elle n’avait remis en cause cette union. Pour elle, l’amour n’était qu’un idéal permettant de maintenir tranquille les masses laborieuses.

En attendant New-York lui semblait bien ennuyeuse, si la ville était encore dans les ensembles comptants le plus d’étudiants, mais les zones agréables à l’œil se faisaient de plus en plus rare. La main d’œuvre sous-payée salissait les espaces urbains pour y élever des barres d’immeubles sur des fondations d’immondices. Ces grosses boites de rangement se hérissaient par la suite d’antennes et de paraboles qui procuraient des illusions de masse à une masse qui n’avait plus d’illusions à se faire. Les téléviseurs 3d assaillaient ces pauvres sacs de neurones affalés sur leur canapé. Le sentiment de lassitude qui étouffait la ville avait poussé les familles aisées à déserter New-York. Les universités suivraient bientôt en entraînant leurs étudiants. Alors la ville ne serait plus qu’une masse informe d’usines. Un tas de travailleurs fatigués ne croyant plus qu’à la pause déjeuné et à la sonnerie de fin de journée mais haïssant par-dessus tout la sonnerie de leur radio-réveil.

         Morgan Cléopâtre ne comprenait pas le train de vie des ouvriers, si dans son milieu la famille était l’association de personne la plus importante, la plus lucrative, eux ne semblaient voir que des collègues, colocataires, ou autres copains. Si l’argent et le pouvoir de son père lui conférait une liberté quasi-totale, les pauvres étaient surveillés, espionnés et contrôlés jusque dans les goûts pseudo-artistiques que leur imposaient les producteurs télé. Si elle, elle pouvait aller à loisir de New-York à New-Paris par extra-atmosphérique, eux, ils devaient subir tous les matins les bousculades dans le métro ou les embouteillages des grandes villes, et de même chaque soir pour revenir de leur boulot si mal payé.

         La princesse laissait ses pensées errer dans le vague comme son regard divaguait dans l’air. Puis ses yeux se posèrent sur un automobiliste réfractaire aux parkings payants, et qu’un représentant de l’ordre calmait à coup de matraque. La vue de cet homme assommé lui fit prendre consciences qu’elle était elle-même assommée de fatigue. Le lendemain elle irait à New-Paris, puis marcherait jusqu’à l’autel. Avant de s’ouvrir sur une journée pareille, ses grands yeux noirs avaient besoin de sommeil.

         Arrivée à son lit elle laissa glisser son peignoir et défit son chignon. Ses cheveux sombres libérés coulaient sur ses épaules. Ses yeux et ses cheveux noirs contrastaient avec la blancheur de sa peau. Une peau si douce que les draps gémirent lorsqu’elle s’allongea sur le lit. Elle fit encore vibrer l’oreiller en le caressant de sa joue. Puis elle s’assoupit, et toute la nuit, le coussin fortuné vibra sous son souffle régulier.

 

 

II : début juillet 2186, le lendemain

 

         Dès que l’appareil eut quitté l’atmosphère terrestre et commencé son vol libéré de toute pression, Morgan délaissa Benjamin, qui suivait l’évolution des cours boursiers sur la chaîne spécialisée, et alla s’installer dans le cockpit. Elle avait toujours préféré la vue panoramique qu’offrait la position à la tête de l’appareil, plutôt que les piètres coups d’œil que permettaient les petites lucarnes qui servait de hublots aux engins extra-atmosphériques. Assise à côté du pilote, elle parvenait à reconnaître les grandes cités qui s’étendaient à la surface de la Terre. Et, autour des îlots gris qui étaient des Mégalopoles, tout ces espaces en friches. Quelle jungle çà devait être !

         « Que de logements et d’usines il nous faudra bâtir avant d’annihiler cette forêt exubérante, dit-elle au pilote.

−De toute façon, répondit celui-ci, maintenant que nous savons recréer du dioxygène sans recourir à la photosynthèse des végétaux, cette verdure ne nous sert plus à rien et personne ne s’opposera à sa conversion en espace rentable. Sauf peut-être les baroudeurs, si on détruit leur milieu de vie ils vont vite devenir une espèce menacée.

−Les baroudeurs, qui sont-ils ? interrogea la princesse.

−Les rescapés de l’urbanisation, ils ont refusés de quitter leur terre quand on a décrété l’obligation de venir vivre en ville. Expliqua le pilote. Maintenant leurs terres ont étés envahis par la friche, alors certains ont put se regroupés dans des espèces de campements où ils parviennent à cultiver de quoi survivre, le reste du temps ils boivent le produit de tous ce qui peut être distiller dans des bistrots insalubres.

−Et ceux qui n’ont pas put se joindre à ceux-là ? demanda la princesse. Sont-il… ?

−Non, ils ne sont pas mort de faim, continua l’homme de barre, mais ils sont revenus à l’état sauvage, des hordes indigènes vivant de chasse et de racines.

−Dire qu’on nous enseigne qu’il s’agit d’espace vide d’homme… Des baroudeurs, des tribus à l’état de nature… énonça la diplômée de l’EcoEco

−Dites plutôt des alcooliques et des meutes d’animaux. Et puis, si on considère cette forêt comme inhabitée c’est qu’on ne veut pas avoir de remord quand on la détruit. Et puis quoi ! L’obligation de vivre en milieu urbain n’a-t-elle pas été décrétée dans le but d’alimenter les usines protoniques en main d’œuvre ! »

         Morgan réalisa alors la précarité de tout ce qu’on lui avait jusqu’alors appris, mais dans quelle mesure pouvait-elle prendre les dires de ce chauffeur pour argent comptant. De toute façon cela lui importait peu que des personnes vivent dans cette jungle qui embrassait la Terre d’un vert profond. Un vert d’espoir dont les yeux de la princesse ne parvenait plus à se détacher.

         Soudain le tableau de bord s’illumina de dizaines de boutons luminescents. Dans le même temps l’ordinateur de bord entonnait une mélodie en morse, sur l’écran clignotaient par dessus un fond jaune quelques mots que la princesse n’osa pas prononcer, ce que le pilote fit sur un ton plutôt calme.

         « CARBURANT : NIVEAU CRITIQUE. C’est un incident technique, mademoiselle. Procédure d’urgence. Nous allons devoir redescendre et nous poser là où ce sera possible. Mettez-vous en sécurité. Rejoignez vôtre futur dans la partie passager et bouclez bien vos ceintures. Acheva-il en reprenant les commandes en manuel. Puis, devant la mine déboussolée de sa passagère, il ajouta d’un trait : Allez-y faites ce que je vous dit c’est pas le train fantôme ici ! » Ce qui eut le mérite de la faire réagir et quitter le poste de pilotage.

         Elle ne reprit vraiment ses esprits que quelques minutes plus tard. Benjamin se trouvait à ses côtés. Ils étaient étroitement attachés à leur siège d’atterrissage. La ceinture trop serrée lui compressait fortement le ventre. A sa droite, Benjamin tremblait de tous ses membres depuis que les alarmes et les voyants de détresse étaient entrés en fonctionnement. Cléopâtre guettait les événements par son hublot. Comme le pilote l’avait dit, il faisait descendre son appareil. L’engin achevait sa rentrée dans l’atmosphère dans des tremblements inquiétants. Ils continuaient de perdre de l’altitude. Le sol se rapprochait à une vitesse angoissante, jamais elle n’avait vue des arbres d’aussi près. La voix du pilote se fit entendre dans la sono, le ton était maintenant plus que sinistre.

         « Bien que nous survolions la jungle nous sommes obligés d’atterrir, sinon les réservoirs seront bientôt à sec et le jet tombera comme une pastèque. Cramponné vous et bonne chance à vous deux ! Lâcha-t-il encore avant d’ajouter pour lui-même mais sans avoir couper la transmission : et maintenant on va bien voir si je suis foutu de poser cette putain de carlingue en catastrophe ! »

         L’aéronaute reprit sa descente de plus belle. Morgan Cléopâtre eut encore le temps de voir la cime des arbres se rapprocher jusqu’à frôler l’aéronef, puis…

 

 

III : Début juillet 2186, le lendemain et les jours suivants

 

         Cléopâtre fut éveillée par un baisé sur les lèvres. Elle ouvrit les yeux. Il s’agissait d’un ouistiti. Le mouvement de surprise qui suivit ce premier contact avec la forêt sauvage fit peur au petit animal qui s’enfuit sous un fauteuil de l’appareil. La jeune femme détacha la ceinture qui lui comprimait encore l’abdomen, respira à fond, puis perçut le souffle régulier de Benjamin à sa droite, elle le réveilla d’une secousse à l’épaule.

         « Ou sommes nous ? questionna-t-il en un sursaut.

−Nous sommes dans l’épave de l’extra-athmosphérique.

−Et çà, c’est normal ? s’enquit-il en désigna le ouistiti. Le petit singe s’était maintenant installé sur le fauteuil et faisait des grimaces dans leur direction. Il ressemblait à un patron arborant un sourire méprisant à des employés renvoyés.

−Nous sommes dans la jungle » déclara Morgan comme si elle essayait de s’en convaincre elle même. Selon toute probabilité l’extra-atmosphérique s’était crashé dans la forêt luxuriante, de plus la présence d’un primate ne laissait aucun doute permit. La tôle de l’appareil s’était cabossée et déchirée. De nombreuses ouvertures laissaient voir les arbres exubérants autour de ce qui n’était plus qu’une épave perdu au milieu de nulle part. Par chance, Morgan était intacte et son compagnon souffrait seulement de quelques contusions. Il fallait maintenant aller voir le cockpit, le pilote, la balise de détresse. Mais il ne restait rien de la tête de l’avion, le cockpit était venu finir sa course sur un arbre au tronc énorme. La cabine de pilotage tenait désormais sur 50 centimètres d’épaisseur. Nul homme n’aurait put survivre à un pareil choc, quant à une éventuelle balise de détresse, il ne fallait pas y compter.

         « Mais tu es une fille importante, avait dit Benjamin, on va te chercher, déployer des moyens logistique pour nous retrouver et nous ramener chez nous ! » Elle avait dût lui faire admettre qu’aucun satellite, aucun laser, aucune technique ne pourrait détecter leur présence sous les arbres. Lui faire comprendre que le seul moyen pour eux de se faire remarquer était d’allumer un feu, mais ils ne pouvaient pas prendre le risque d’allumer un feu qu’ils seraient incapable de contrôler. Bref, lui faire comprendre qu’ils ne pouvaient compter que sur eux même. Une fois que Benjamin eut admis l’évidence, elle lui répéta ce que le pilote lui avait expliqué, qu’il y avait des campements humains un peu partout dans la jungle, que leur seule chance de salut était de rejoindre l’un d’entre eux.

         Ils prirent le maximum de vivres qu’ils le pouvaient puis se mirent en route. Leur progression était lente et approximative. Ils étaient habitués aux grandes artères, aux plans en échiquier des grandes villes, et les voila coincés entres des arbres immenses et des fougères touffues. Ils dormaient peu, perchés dans des petits arbres. Benjamin était déjà entré plusieurs fois en crise de panique en entendant des mouvements dans les arbres environnants, par chance, ils n’avait pour l’instant rencontré que des animaux ne présentant aucun danger pour l’homme ou ayant déjà rassasié leur faim auparavant.

         Morgan aurait aimé que Benjamin prenne des décisions, des responsabilités, mais pour l’instant ils se contentaient de marcher à pas feutrés, et c’est elle qui prenait les rares initiatives qui rythmaient leurs déplacements.

Deux jours plus tard ils avaient presque terminé leur réserve de vivres.

Ce soir là, un sac de victuailles mal refermé avait attiré près d’eux un bon nombre d’animaux. Ce fût un tigre qui se présenta devant eux le premier, il paraissait affamé et les regardait bien en face. Sous l’effet de la peur, Benjamin avait les genoux qui tremblaient, tandis que Morgan était pétrifiée et ne parvenait plus à respirer. Tout à coup le garçon poussa un hurlement. Ce crie amena le félin à entrer en action, il se précipita vers eux. En quelques foulées l’animal était parvenu à trois mètres de ses proies. Il se préparait à bondir quand une détonation secoua l’air. Le fauve s’écroula.

         L’homme qui sortit des fourrés le fusil à l’épaule après la chute du tigre se présenta sous le nom de Doug Le Caféier. L’individu était vêtu d’un épais vêtement de laine et transportait avec lui un stock de peau de bêtes. Il tenait certainement son surnom de sa haute stature et de sa capacité à rester planté debout dans la jungle, l’arme prête à faire feu, et ce durant des heures. Dès qu’il eut récupéré la peau du tigre et éloigné les fauves attirés par le sang de la charogne, il se retourna vers Morgan et Benjamin et leur dit qu’il les amènerait au campement le plus proche. Là, une fois dans la taverne, il pourrait chercher une personne susceptible de les escorter jusqu’à la ville la plus proche.

 

 

IV : Mi-juillet 2186

 

         Quelques jours plus tard, alors que la nuit tombait, ils arrivèrent au campement appelé l’Ilot Ethylique. La construction principale en était la taverne du « Fût Percé ». Le bâtiment était imposant par rapport aux cabanes insalubres qui l’entouraient. L’architecture de ce centre de village était aussi fort surprenante, des poutres épaisses soutenaient les longs troncs recourbés qui faisaient office de toit. L’ensemble rappelait vaguement un bateau à fond plat retourné. Ils suivirent Doug et passèrent les portes de style saloon qui marquaient l’entrée.

Avant de s’installer à une table du fond pour négocier les fourrures qu’il avait ramené, Le Caféier leur conseilla de s’approcher du bar afin de quérir les renseignements qui leur seraient utiles. Le comptoir était comme un récif sur lequel de nombreuses épaves s’étaient échouées, puis étaient ensuite restées amarré à un verre d’alcool. Sur l’océan de tables flottaient des nappes de joueurs, de commerçants, des rires, des pleurs et des pointes de bagarres. Le tout étant découpé par des vagues régulières d’alcools forts, lesquelles dégageaient des relents acariâtres qui offensaient les gorges des visiteurs. L’écume d’une fumée âcre et qui piquait les yeux laissait tout un coin de l’immense salle dans la brume. Morgan se demandait ce que l’on pouvait bien fumer dans un endroit pareil pour produire un tel brouillard, et dire que les autorités avaient depuis longtemps prohibé la consommation d’alcool ! La jungle ressemblait à une anarchie des plus complète au regard des villes, elle se demandait comment une société ne reconnaissant aucune autorité pouvait subsister depuis tant d’années, surtout en tenant tête à une nature aussi peu accommodante.

Lorsqu’il arrivèrent auprès du bar, Benjamin interpella le barman : « Garçon, Garçon s’il vous plaît ! L’homme qui s’approcha d’eux était chauve. Son ton autoritaire était en partie dût à un surplus de boisson.

−Je suis Jack Le Hollandais, le patron de cet établissement. N’oublie jamais çà petit ! Qu’est-ce que je vous sers ?

−Eh bien, reprit Benjamin quelque peu désarçonné, donnez nous quelque chose de simple, du jus de fruit par exemple.

−Du jus de fruit ! J’ai pas çà en stock, mais buvez donc ceci. » Acheva le tavernier en déposant un verre devant chacun d’eux. Le liquide était pâle et tiède. Ils le portèrent à leur bouche. Morgan eut du mal à retrouver son souffle après avoir ingurgité un tel breuvage. Quant à Benjamin, il recracha le tout sur le zinc : « Rrra, c’est fort !

−Fort ? Répéta Jack, c’est la boisson des marmots, la traite de ce matin avec du distilla de grain, lait de chèvre et vodka en gros, si vous trouvez çà fort allez vous tirez de l’eau au puis ! A droite en sortant !

−A vrai dire nous ne somme pas vraiment ici pour boire, contra Morgan Cléopâtre, nous sommes citadins et…

−Çà merci, j’avais remarqué ! Coupa Jack, et vous cherchez un guide pour vous mener jusqu’à New-Janeiro, c’est bien çà ?

−C’est bien çà, approuva Morgan, alors nous sommes proches de New-Janeiro ?

−Simplement quelques centaines de kilomètres, poursuivit le Hollandais, mais la jungle est très dangereuse, si vous cherchez un accompagnateur chevronné adressez-vous à Ness Le Chien errant, vous voyez c’est le gars qui joue aux cartes à la table là bas, avec la peau de lion sur les épaules. Portez lui çà, ajouta t-il en leur présentant une bouteille intitulée canne à sucre, ainsi il vous accueillera tout sourire.

−Nous vous remercions, déclara Benjamin, combien nous devons vous ?

−Comme je ne vous ai pas servit grand-chose et que de toute façon vous n’avez rien à troquer, je me contenterais de vôtre respect, petit. Bonne chance » conclut Jack le Hollandais.

         Morgan et Benjamin s’approchèrent de la table où se trouvait Ness. Celui qu’on appelait Le Chien errant était en fait un jeune homme aux yeux clairs. Ses vêtements affinés par l’usage étaient recouverts d’une peau de lion. La tête de celui-ci lui servait de couvre-chef si bien que ses cheveux bruns se confondaient avec la crinière du fauve. Un fusil était posé en appuis contre sa chaise et, quelque peu dissimulé sous la fourrure, on devinait qu’il portait une cartouchière de cuir. Il tenait ses cartes avec distraction mais observait attentivement chacun de ses adversaires. Il était évident qu’ils jouaient au poker. Une cage d’osier contenant un perroquet multicolore semblait être l’enjeu de la partie.

         « Monsieur Ness ? interrogea Benjamin.

−Ness tout court, rectifia l’homme, qu’est-ce que vous voulez ?

−Juste vous parler, répondit l’importun. Mais son interlocuteur ne daigna pas détourner les yeux de son vis-à-vis.

−J’espère que c’est important, dans tous les cas vous attendrez la fin de cette partie !

−Nous avons ceci pour vous, intervint Morgan en déposant la bouteille que leur avait donnée Jack devant l’homme à la crinière, c’est de la part du patron.

−Le Hollandais aurait-il renouvelé son stock de serveuses ? demanda le joueur de cartes après avoir daigné regarder son interlocutrice, merci pour le rhum, continua t-il après quelques gorgées, je vous verrez juste après cette mène, sans faute. »

         Ness termina la mène en question sur un échec, puis il s’excusa quelques instants auprès de ses compagnons de jeux, le temps d’avoir une petite conversation avec les nouveaux venus. Il s’attaqua alors avec plus d’entrain à la bouteille d’alcool de canne à sucre pendant que les rescapés de l’extra-athmoshérique lui expliquaient ce qu’ils attendaient de lui. Il écouta la proposition avec indifférence mais l’accepta cependant : « c’est d’accord pour la petite promenade, mais pas de récompense, disons plutôt que vous m’offrirez quelque chose de chouette quand on sera arrivé, de nouvelles grolles par exemple. Bon, on va attendre un ami qui nous accompagnera, il ne devrait pas tarder à rappliquer. Moi je vais finir ma partie, quant à vous asseyez vous quelque part et buvez un coup. » Pour sa part il avait fini la bouteille qu’on lui avait placé entre les mains.

         Ness retourna à sa table de jeu tandis que les deux citadins s’installaient dans son voisinage. Morgan se demandait si un chien errant était un guide idéal, mais de toute façon ce lieu lui était si peu familier, aucune lois et aucune bienséance, une assemblée de trappeurs alcooliques passant leur temps à jouer des perroquets au poker. Cette partie du monde semblait ignorée de toute harmonie, c’était un désordre incohérent où le troc de peau de bêtes s’emmêlait avec la fumée de cigarettes très particulières. Un adolescent circulait entre les tables et proposait des pilules en échange de fourrures de qualité. Ces pastilles ne faisaient certes pas partie de traitements thérapeutiques. Quelque peu dissimulés par le comptoir, deux enfants faisaient la plonge en vidant les fonds de verres.

         [ A droite de l’entrée, un groupe d’une vingtaine de personnes rapprochèrent plusieurs tables et commandèrent une tournée. Après leur sixième tournée, l’un d’entre eux grimpa sur la table tandis que ses camarades frappaient dans leurs mains. Le polichinelle entama alors une danse grotesque avant de commencer à chanter.

 

 

Ø (La petite entracte de l’auteur) : 2186, le tube de l’année

 

Dans les bras de la fée verte

Interprété par : The histrion’s band

 

Je rêvais d'une femme

Qui ne serait qu'amour.

Je rêvais d'une flamme

Qui durerai toujours.

 

A sa recherche j'ai fouillé la Terre,

Arpenté les chemins, parcouru les ondes.

A sa recherche j'ai renversé le monde,

Et je la retrouve ici, dans ce verre.

 

Absinthe! Absinthe!

Et s'envole ma vie désespérée.

C'est une bien piètre perte

Puisque je recommence à rêver,

Dans les bras de la Fée verte

 

Tu m’as tenu par la main jusque dans le ciel.

Je ne me souviens plus ce qui est réel. Irréel?

De ce corps si malsain, la volupté me débarrasse.

Nos regards embrassent le monde, et tendrement, je t'embrasse.

 

Je rêvais de cette femme

Et de son monde enchanté

Construit par mes fantasmes.

J'aurai voulu tout garder.

 

Effets de l'Absinthe!

Que n'êtes vous éternels?

Mon bonheur touche à sa fin!

Forcé de quitter ma belle

Je reviens à ma vie de chien.

 

Jusqu'à demain,

Car dès demain...

 

Je me saoulerais pour venir te retrouver,

Je te le promets. Je nous le promets.

Mon Rêve, mon Amour. Ma Femme, ma Fée. Ma Chérie.

Tous les deux, nous partirons au pays sans soucis. ]

la suite un autre jour, hein!

promis...

Ecrit par Magnes, le Dimanche 3 Octobre 2004, 21:18 dans la rubrique " Ecrire avec des Nageoires ".